Sa mère Seynabou Amadou Yella Diop (également connu sous le
nom Sainabou Hewarr Jobe en Gambie), appartenait à la famille de Lat-Dior Ngoné
Latyr Diop. Son père était Biram Penda Diémé Ndioté Ndiaye, mort 1851, à la
bataille de Ngueunenene ou Ngenenen.
Vers l'âge de 9 ans, il fut envoyé à la cour du Damel Kajoor
(roi du Cayor), Birima Ngoné Latyr Fall. Il grandit à la cour royale avec son
oncle Lat-Dior. Après avoir été auxiliaire de Lat-Dior durant ces combats
contre les colons européens au Cayor et au Saloum en compagnie de Maba Diakhou
Bâ, puis enfin contre le marabout Amadou Cheikhou Déme, qui fut battu, il rentre
au Djolof à Yang-Yang, où il est intronisé roi en 1875.
Après 1875, en 1878, Alboury Ndiaye est attaqué par les
troupes du frère d'Amadou Cheikhou, nommé Bara. Alboury battit les troupes de
Bara, et tua celui-ci à Diamé. Suite aux difficultés que connaît le Sénégal à
cette période (lutte anticoloniale), le Djolof est en proie à des conflits
internes, les demi-frères de Alboury, Biram Ndiémé Coumba Ndiaye et Pathé Diouf
Ndiaye, mènent une rébellion contre Alboury. Après plusieurs batailles, Biram
Ndiémé est tué avec d'autres chefs de rébellion.
En 1881, en vue de la lutte anti-coloniale, le Damel-Teigne
Lat-Dior convoqué au Cayor, Alboury Ndiaye du Djolof, l'almamy du Fouta, Abdoul
Aboubakar, et Ely Ndjeubeut, roi du Trarza en Mauritanie, fils de la reine Djeubeute
Mbodji du Waalo. Après plusieurs combats contre les colons, ils sont en
difficulté, les Français ont repoussé les raids des résistants, Lat-Dior est
forcé de fuir au Djolof, au Cayor les colons ont installé au pouvoir un damel
favorable aux Français, Amary Ngoné Fall, puis Samba Laobé Fall. Au Djolof, les
résistants organisent les plans d'attaque, des forteresses militaires sont
construites un peu partout. Samba Laobé Fall projette d'attaquer le Djolof,
avec l'aide de Samba Laobé Penda, frère de Alboury, qui souhaite régner à la
place de son frère. Le 6 juin 1886, à Guilé, les troupes de Samba Laobé Fall
sont défaites. Alboury en profite pour attaquer le Cayor, afin de réinstaller
Lat-Dior au pouvoir. Les colons français redoutent Alboury Ndiaye, ils obligent
Samba Laobé Fall à payer les dommages de guerre à Alboury, afin de rétablir la
paix. Samba Laobé Fall se rend à Tivaouane pour chercher une aide économique en
vue du paiement des dommages. Mais là-bas une troupe de colons dirigée par
Spitzer l'attend. Arrivés à Tivaouane, les colons se jettent sur Samba Laobé et
l'assassinent, c'était le 24 octobre 1886. Le Cayor est définitivement annexé
et divisé en six provinces. Entre le 26 et 27 octobre 1886, à la bataille de
Dekhelé, Lat-Dior est tué après un très rude combat.
Résistance à l'est, au Soudan occidental et au Niger
Au Sénégal, à cette période, les plus grands résistants sont
tous défaits, il ne reste qu'Alboury Ndiaye.
Le 18 avril 1885, Alboury Ndiaye et les colons français
signèrent un accord, qui stipulait qu'en échange de la non-agression de la
France sur le Djolof, celui-ci devait donner son fils Bouna Alboury Ndiaye à
l'École des otages. Alboury ne respecta pas l'accord, il refusa par la suite
d'envoyer son fils à l'École des otages. Après Lat-Dior, la France décide de
détruire Alboury. Le 24 mai 1890, une armée dirigée par le colonel Dodds
attaque le Djolof. Suivant la politique de la terre brûlée, Alboury incendie
Yang-Yang, la capitale du Djolof. C'est à cette occasion qu'il a été surnommé
"le roi faroteur".
Ne pouvant plus compter sur l'aide d'un souverain résistant
au Sénégal, et ne voulant pas se rendre, il part vers l'est au Soudan
occidental (futur Mali), pour aller chercher des alliés comme les souverains
Ahmadou Tall, fils de El Hadj Omar Tall, de l'empire Toucouleur Tidjane de
Ségou, Samory Touré du Ouassoulou, Tiéba Traoré roi du Kénédougou, actuelle
région de Sikasso. Avec leur appui, il souhaite combattre l'avancée des colons
européens et créer un grand État musulman du Sénégal au Niger. Le Djolof est
annexé par la France en tant que protectorat avec Samba Laobé Penda, frère de
Alboury Ndiaye, qui s'en voit confier la direction. Alboury Ndiaye prend la
route de l'est pour le Kaarta rejoindre Ahmadou Tall.
À la fin de l'année 1890, il arrive à Nioro du Sahel, où
Ahmadou Tall est en plein combat contre l'armée française dirigée par le
colonel Archinard. Le fils de Alboury Ndiaye est capturé par les Maures. Les
Français dirigés par Dodds le récupèrent et l'amènent à l'École des otages. À
Nioro, Alboury et Ahmadou alliés lancent plusieurs raids contre les Français.
Le combat tourne à l'avantage des Français, Ahmadou souhaite abandonner sous
les conseils de ses généraux, mais Alboury redonne à Ahmadou l'envie de
continuer le combat en lui remémorant la mémoire de son père Oumar Tall qui
donna sa vie à la lutte. Après plusieurs heures d'accalmie, Alboury vérifie si
Nioro est finalement occupée. Du haut d'une colline, il voit flotter le drapeau
tricolore. Alboury lance une dernière attaque sur les troupes françaises avec
300 cavaliers, couvrant ainsi la retraite de Ahmadou Tall, qui, lui, part en
direction du Macina pour préparer la guerre là-bas, où son frère Mounirou a le
commandement des troupes.
Mounirou ne souhaitait pas donner le commandement des
troupes à son frère aîné, mais le fils de l'almamy du Boundou, Koly Modi,
envoie des sages marabouts de Bandiagara sur place afin d'éviter que les deux
frères entrent dans une division qui pourrait leur nuire. Mounirou accepte de
donner le commandement à Ahmadou.
Deux ans plus tard la France arrive. Ahmadou, régnant depuis
Bandiagara, prépare la contre-attaque en tentant de s'allier avec Samory et
Tiéba, et de profiter que la région de Nioro, où Mademba Sy, un roi favorable
au Français, a été installé, est en pleine rébellion. Mais Samory et Tiéba sont
divisés et l'unité ne peut être réalisée. La colonne d'Archinard profite des
divisions et les renforcent, gagnant de plus en plus de terrain. Alboury et
Ahmadou et leurs troupes tentent plusieurs embuscades, mais ils se font
toujours repousser par les français qui avancent vers Bandiagara et
l'encerclent, enfermant Alboury et Ahmadou. Ahmadou est entouré d'une trentaine
de ses hauts dignitaires du Fouta-Toro, du Boundou ainsi que des membres de sa
famille. Cette nuit ils se réunissent pour décider quelle stratégie ils vont
adopter, en sachant qu'ils sont encerclés, en même temps Alboury Ndiaye est en
plein travail d'éclaireur afin de se rendre compte de la position des Français,
il finit par trouver un point par lequel ils pourront s'échapper de Bandiagara
avant le lever du jour. Le jour approche, Alboury et Ahmadou ainsi que leur
suites prennent la route de Sokoto.
Archinard pénètre à Bandiagara le 28 avril 1893, il installe comme Fama, Aguibou, un Foutanké favorable aux Français, ancien sultan de Dinguiray, ils laissent dans la ville des Tirailleurs et des Spahis, sous le lieutenant Bouverot. Ségou, Mopti et Djenné étaient déjà soumis. Il charge le colonel Blachère de poursuivre Alboury et Ahmadou. Il les rattrape au niveau de Douentza le 19 mai 1893. Une bataille s'engage, et il y a une centaine de morts du côté de Ahmadou et Alboury, ceux-ci réussirent à blesser plusieurs soldats des troupes coloniales et à tuer le lieutenant Arago. Les deux résistants poussent toujours plus vers l'est, ils atteignent Dallah, où Blachére capture des membres de la famille de Ahmadou, avant de se retirer vers Bandiagara. Les deux résistants vont vers Hombori. Ils passent par Djlgodji, puis par le village Aribinda, où ils séjournent un mois. Ils poursuivent jusqu'au pays peul du Dori. Le chef des peuls, Bayero, les reçoit. En voyant arriver Alboury, Ahmadou et leurs armées, il souhaite s'unir afin qu'il puisse venger l'affront des Djermas, qui l'avaient chassé du pays de Tampkalla. Mais les troupes d'Ahmadou et Alboury sont fatiguées par toutes ces péripéties. Au nombre de 10 000 hommes au départ, la troupe s'est dispersée très vite, certains retournèrent au Soudan, d'autres se mirent sous l'autorité de certains chefs locaux. Finalement il ne resta que 3 000 hommes autour de Alboury et Ahmadou. Après un long séjour à Dori, les résistants reprennent le chemin de l'est. Alors en chemin vers l'est, une grande bataille s'engage face à une grande coalition de Sonrhaïs Djermas, et de Touaregs, tous dirigés par Issa Korombé, ce fut à Dambou. L'arrivée importante d'hommes étrangers au territoire suscita la colère du souverain du pays.
La puissance et l'adresse de Alboury Ndiaye
marqua la tradition, qui le considère comme l'homme de la bataille de Dambou,
celui sans qui les Peuls et les Foutankés armés de fusils seraient tombés aux
mains des ennemis, en plein pays sonhrai. La bataille eut lieu entre janvier et
février 1894, sur une plaine sableuse en bordure du fleuve Niger. En mai 1897,
les colons français arrivent sur le pays, et occupant Say, les deux résistants
étaient à Dounga, et les colons approchèrent de plus en plus. Alboury Ndiaye et
Ahmadou Tall était sollicités par les divers clans peuls de la région, qui
voulaient en finir avec le joug des Djermas et également lutter contre la
pénétration française. Ils se séparent un moment, Ahmadou combattant sur Dosso,
et Alboury avec ses suivants Wolofs sur Ouro-Gueladjo. Après leurs luttes qui
n'en finissaient pas, ils se rejoignirent de nouveau pour rejoindre Sokoto.
Pour rejoindre Sokoto il fallait traverser le pays Djerma, décidés à se battre
à la moindre pénétration, ils décident donc de contourner par le nord, puis par
le pays Maouri, de traverser la zone désertique, afin de redescendre par l'est
de Dogondoutchi, dans Sokoto. Durant leurs pérégrinations, ils se séparent de
Bayero.
C'est en traversant le pays Kourfey, habité par des
Haoussas, animistes et redoutables guerriers, que les catastrophes allaient
commencer. Le chef Haoussa Goumbi, à Bonkoukou, donna l'ordre aux habitants du
village de bien accueillir les deux guerriers, afin de leur ôter toute
méfiance, sachant que les deux résistants avec leurs hommes étaient armés de
fusils perfectionnés. Les femmes étaient chargées de s'occuper des guerriers en
cavale. La nuit en plein repos parmi les femmes, les hommes haoussas, pillèrent
et tuèrent presque tous les hommes d'Ahmadou et Alboury. Très vite le reste
reprit la route de Sokoto, par Chical, Baguendoutchi, où il fallut livrer
bataille pour passer, surtout l'armée du roi Bâgâdji, qui fut repoussée, puis
par Matankari, qui porte encore le nom de route des Foutankés.
Ils étaient enfin arrivé au pays Sokoto, mais pas dans la
ville, car c'est la ville que les résistants voulaient atteindre, où les
attendaient le sultan Abdourahmane, lui-même membre de la famille de Ahmadou
Tall. C'est avec lui qu'il fallait s'allier pour espérer vaincre les colons.
Avant d'entrer dans la ville de Sokoto, Ahmadou tomba malade à Bâjagha, il
s'arrêta pour camper au village de Maykouloukou. D'après les traditions, malgré
son envie de rejoindre le Sultan de Sokoto, Ahmadou pensait qu'il risquait la
mort s'il entrait à Sokoto, à cause de l'hostilité des Haoussas à son égard,
sachant que Sokoto était leur ville principale. D'après la tradition, après
avoir reçu la visite de son père El Hadj Omar Tall, dans un rêve, durant une
nuit, celui-ci lui conseilla d'en rester là. Quelques jours plus tard la
maladie l'avait pris durement, les gens l'empêchaient même de sortir. Il mourut
en 19013,4,5. À sa mort il était entouré de Abdoul Hammadi, Samba Ndiaye Raky,
Sirandou, Ahmadou Aïchata, Mohammed-Madani, Karamoko, Hâbib. L'annonce de sa
mort au Sultan de Sokoto se fit par courrier. On procéda immédiatement à des
funérailles très religieuses.