Biographie
Aminata Sow Fall porte un
regard critique sur une société sénégalaise en pleine mutation dont elle
dénonce l'hypocrisie et, comme d'autres femmes de sa génération, l'idéologie
patriarcale. Ainsi, dans son œuvre la plus connue, La Grève des bàttu ou les
déchets humains, qui lui a valu le Grand prix littéraire d'Afrique noire en
1980, elle imagine en s'appuyant sur des faits réels une grève de mendiants
chassés de la capitale par des autorités soucieuses de promouvoir le tourisme.
Les romans d'Aminata Sow Fall sont devenus des classiques, aujourd'hui inscrits
dans les programmes d'enseignement. Dans son discours inaugural au Collège de
France, l'écrivain Alain Mabanckou la « considère comme la plus grande
romancière africaine »
Son père meurt lorsqu'elle a
huit ans. Après quelques années de scolarité au lycée Faidherbe – aujourd'hui
lycée Cheikh Omar Foutiyou Tall – de Saint-Louis, Aminata Sow Fall accompagne
sa sœur mariée à Dakar et poursuit ses études secondaires au lycée Van
Vollenhoven – aujourd'hui lycée Lamine Guèye, où elle obtient son baccalauréat.
Elle part en France pour
entreprendre des études d'interprétariat ainsi qu'une licence de Lettres
modernes et fait la connaissance de son futur mari, Samba Sow, à Paris.
Après son mariage, elle
rentre au Sénégal pour d’abord se dédier à l’enseignement dans plusieurs
établissements, à Rufisque et à Dakar. De 1974 à 1979, elle est membre de la
Commission nationale de réforme de l’enseignement du français et participe à
l'élaboration de manuels scolaires.
La reconnaissance
internationale dont bénéficie La Grève des bàttu en 1979-1980 marque un
tournant dans son parcours5. Ce roman est adapté au cinéma pour le film
intitulé Bàttu, réalisé par le cinéaste malien Cheick Oumar Sissoko et sorti en
2000.
De 1979 à 1988, directrice
des Lettres et de la propriété intellectuelle au ministère de la Culture et du
Centre d’études et de civilisations, elle contribue à la fondation de la maison
d’édition Khoudia, du Centre africain d’animation et d’échanges culturels, du
Bureau africain pour la défense des libertés de l’écrivain à Dakar et du Centre
international d’études, de recherches et de réactivation sur la littérature,
les arts et la culture à Saint-Louis.
Toujours absorbée par
l'écriture, la romancière partage désormais son temps entre Dakar, Saint-Louis
et d'autres destinations à l'étranger, car elle est souvent sollicitée pour des
conférences en relation avec son œuvre ou des thèmes plus larges tels que
l'éducation, la culture ou la paix1. Elle observe avec acuité le monde qui
l'entoure : « L'artiste n'est pas dans une tour d'ivoire. Son rêve ne l'empêche
pas de sentir le bouillonnement de la cité »6, mais elle se défend toutefois de
tout engagement politique partisan.
Œuvres
Le Revenant, roman, 19769
La Grève des bàttu, 1979 :
présélectionné par le jury du prix Goncourt en 1979 ; Grand prix littéraire
d'Afrique noire en 1980 ; porté à l’écran par Cheick Oumar Sissoko en 2000
L’Appel des arènes, roman,
1997: présélectionné par le jury du prix Goncourt en 1982 ; Prix international
pour les lettres africaines ; porté à l’écran par Cheikh N'Diaye en 2006
Ex-Père de la Nation, roman,
1987
Le Jujubier du patriarche,
roman, 1993
Douceurs du bercail, roman,
1998
Un grain de vie et
d’espérance, réflexion sur l'art de manger et la nourriture au Sénégal suivie
de recettes proposées par Margo Harley, 2002
Sur le flanc gauche du Belem,
in L'Odyssée atlantique (collectif), nouvelle, 2002
Festins de la détresse,
roman, L'Or des fous, éditeur avec l'Alliance des éditeurs indépendants 200516
L'Empire du mensonge, roman,
2017
Aminata Sow Fall est
également l'auteur de pièces de théâtre et de poèmes, encore inédits.
Distinctions
Lauréate du Grand prix
littéraire d'Afrique noire pour La Grève des bàttu (1980).
Prix international pour les
lettres africaines pour L'Appel des arènes (1982).
Nommée docteur honoris causa
de Mount Holyoke College, Massachusetts (25 mai 1997).
Chevalier de l'ordre national
du Mérite
Chevalier des Palmes
académiques
Chevalier de l'ordre de la
Pléiade
Chevalier de l'ordre national
du Lion du Sénégal
Commandeur de l'ordre des
Arts et des Lettres (2012)
Grand prix de la Francophonie
de l’Académie française (2015)