Histoire de Dakar
Dakar, fondée en 1857 par le capitaine de vaisseau Protet,
commandant supérieur de Gorée, fut la seule véritable ville en Afrique
Noire française jusqu’en 1939. Un village lébou y existait déjà depuis
longtemps cependant.
Le développement commercial rendant l’île de Gorée trop
exiguë, un premier industriel, Jaubert (exportateur d’arachides), installa, peu
avant 1846, son entreprise dans la presqu’île du Cap Vert (non loin de
l’actuelle place de l’Indépendance, autrefois place Protet).
En 1846, une mission catholique s’implantait à l’emplacement
actuel de l’Hôtel de Ville.
Après le transfert en 1857 de l’armée, précédemment cantonnée à Gorée, Dakar
connut un développement lent, malgré les efforts du commandant puis colonel du
génie Pinet-Laprade qui établit en 1862 les plans d’une cité aux rues
se coupant presque toutes à angles droits, de part et d’autre de l’actuelle
place de l’Indépendance.
En novembre 1866, les paquebots de la ligne du Brésil inaugurèrent les
premières installations portuaires.
Les origines
Pourtant les
grattoirs, poinçons, haches, colliers de coquillages et autres vestiges
découverts sur la côte occidentale de la presqu’île du Cap-Vert (pointe des
Almadies, Ouakam) ou bien à l’est (Hann, Bel-Air) attestent d’une présence
humaine sporadique sur la façade atlantique dès le Paléolithique, puis d’un
peuplement de l’ensemble de la péninsule au Néolithique.
Les premiers
habitants sont des Mandingues. Ce sont eux que découvre le navigateur portugais
Dinis Dias lorsqu’il débarque sur ces rivages en 1444. À la fin du xve siècle
des pêcheurs lébous fuyant le Tekrour, un royaume situé au nord-est du fleuve
Sénégal, commencent à s’y établir. Au xviie siècle, leur village ne comporte
qu’une trentaine de huttes. Dans l’intervalle l’Île de Gorée toute proche, que
Dinis Dias avait d’abord nommée Palma, attise davantage les convoitises. Prise
et reprise une quinzaine de fois, par les Hollandais (qui la rebaptisent Goed
Reed, bonne rade), les Anglais et les Français, l’île connaît une histoire plus
mouvementée. Quant à Dakar, la localité voit son nom matérialisé pour la
première fois sur une carte lorsqu’en 1750 le naturaliste français Michel
Adanson le fait apparaître sur un croquis du cap Vert. En 1843 elle ne comprend
toujours, selon le témoignage de Paul Boutet que « plusieurs centaines de
cases, toutes construites dans le même genre […], toutes en roseaux, de forme
cylindrique et recouvertes à peu près comme les ruches d’abeilles de nos pays
».
L'empreinte française
Tandis que Gorée
s'enrichit grâce au commerce de l'arachide dont les notables mulâtres sont les
initiateurs, la démographie galopante fait que les notables mulâtres et leurs
épouses signares se sentent bientôt à l'étroit sur la petite île ; c'est la
raison pour laquelle, la signare Anna Colas Pépin, son époux François de Saint
Jean, maire de Gorée, et le conseil municipal de l'île, demandent la création
de la ville nouvelle de Dakar à deux reprises le 3 janvier 1846 et le 25
janvier 1848. Les notables mulâtres de Gorée ne craignent plus les possibles
incursions du damel du Cayor et exigent de l'administration coloniale avant
même l'abolition de l'esclavage des terres et une aide financière pour leurs
ex-serviteurs ; un certain nombre de nouveaux propriétaires de terrain à Dakar
sont ainsi d'ex-serviteurs des Signares. L'idée d'une expansion sur le continent
fait son chemin. Conduites par le capitaine Protet, les troupes françaises
prennent possession de la côte en 1857. Un petit fort y est construit, sur
lequel le pavillon français est hissé. Dakar reste pourtant un « véritable
labyrinthe de rues et d'impasses, de tours et de détours », au milieu de la
brousse et des dunes. Malgré la construction de quelques maisons de commerce,
la bourgade n’est pas encore une vraie ville. Le colonel du génie Émile
Pinet-Laprade est son véritable fondateur. Un premier plan cadastral est
élaboré en juin 1858. La construction du phare des Mamelles est lancée en 1859,
les travaux du port commencent en 1860. Un nouveau plan d’alignement de la
ville est proposé par Pinet-Laprade en juin 1862.
La nouvelle cité ne
se développe pas sans mal. En 1869 une épidémie de choléra fait des ravages et
Pinet-Laprade y succombe lui-même le 17 août. En 1872 un 'statut communal' (dit
des 'quatre communes') est accordé à la population, ce qui donne une
citoyenneté. Alors que Dakar devient centre d’arrondissement à la place de
Gorée en 1875, des résistances subsistent, comme en témoignent ces observations
du colonel Canard : « Les propriétaires de terrains où l’on pourrait bâtir
habitent tous à Gorée et ne paraissent pas disposés à faire construire des
maisons à Dakar » (1876) ; « Dakar est toujours très calme, il est même triste.
Peu de maisons, peu d’habitants, peu de commerces et pas d’industrie » (1878).
La raison de cette présence faible des notables goréens à Dakar est que la
ville de Rufisque sur la petite côte connaissait un développement économique
important grâce à l'arachide ; ces familles bourgeoises mulâtres et nègres
préféraient donc s'installer majoritairement dans cette ville. Ce n'est que
lorsque la ville de Dakar eut un quai moderne et que le Warf de Rufisque devint
obsolète qu'ils s'installèrent massivement à Dakar. Un nouveau plan cadastral
est élaboré en 1876 et deux ans plus tard Dakar compte environ 1 600 habitants.
Le 17 juin 1887 Dakar devient une commune distincte. Elle ne dépend plus de
Gorée et Jean Alexandre devient son premier maire le 9 décembre 1887. De gros
travaux d’aménagement et d’assainissement sont entrepris. La population de
Dakar atteint 8 737 habitants, alors que Gorée n’en compte que 2 100.
En parallèle,
notamment avec la construction de la gare et de la ligne de chemin de fer, la
ville rivalise aussi avec Saint-Louis. Elle l’emporte pourtant en devenant en
1902 la capitale de l’AOF (Afrique-Occidentale française). Son premier
gouverneur général, Ernest Roume, lance de gros travaux d’urbanisme, parmi
lesquels figurent le Palais du gouverneur, l’actuel Palais présidentiel, ainsi
que le marché Kermel.
De 18 500 en 1904,
Dakar passe à 25 000 habitants en 1909 et devient le premier port du Sénégal.
La reconstruction de la gare ferroviaire est entreprise et l’Hôtel de ville est
édifié en 1918.
Le dépôt du chemin
de fer vers 1910.
Blaise Diagne qui a
obtenu la citoyenneté pleine de tous les habitants des quatre communes en 1916,
est élu maire de Dakar en 1920 et le restera jusqu’à sa mort en 1934. En 1921
la capitale compte 32 440 habitants dont 1661 Européens, alors que l’île se dépeuple
progressivement pour se réduire à 700 habitants en 1926. Gorée est finalement
rattachée à Dakar en 1929. Pendant cette période on observe une vague
d’immigration libanaise ; cette immigration libanaise a en réalité commencé dès
1890 à Saint Louis. Dans la capitale ces nouveaux venus s’intègrent le plus
souvent dans le petit et moyen commerce. La cathédrale du Souvenir africain est
inaugurée le 31 mars 1929 en présence de nombreuses personnalités dont Blaise
Diagne. Une des cloches de la Cathédrale est offerte par Armand-Pierre Angrand
et sa famille. À la fin des années 1930, l'agglomération compte 100 000
habitants.
Pendant la Seconde
Guerre mondiale le contrôle de l'AOF constitue un enjeu non négligeable. Une
tentative de débarquement des Alliés (Opération Menace) échoue le 25 septembre
1940, au bout d'une lutte fratricide connue sous le nom de bataille de Dakar.
Une capitale cosmopolite
En 1947 le président
Vincent Auriol est le premier chef d’État français à se rendre en visite
officielle en Afrique noire14. À ce moment-là Dakar compte environ 135 000
habitants. L'essor démographique engendre une pénurie de logements, d'emplois
et de matières premières. Le 26 août 1958 le général de Gaulle se rend à son
tour à Dakar où il est accueilli fraîchement par des manifestants réclamant
l’indépendance du pays15, qui se concrétisera deux ans plus tard. Dakar devient
d'abord la capitale de l'éphémère Fédération du Mali, puis celle de la
République du Sénégal le 4 avril 1960.
Plusieurs réformes
portant sur la décentralisation et la déconcentration marquent des étapes
importantes dans l'évolution de la commune, d’abord en 1972, puis en 1983 et
surtout en 1996 lorsque la commune de Dakar est découpée en 19 communes
d'arrondissement.
Le 3 avril 2010, le
Monument de la Renaissance africaine est inauguré pour le cinquantenaire de
l'indépendance sénégalaise. Elle est haute de 52 mètres et a été construite par
des Nord-Coréens. Peu avant son inauguration, des centaines de personnes ont
manifesté dans les rues de Dakar pour demander la démission d’Abdoulaye Wade,
le président du Sénégal, car cette statue a coûté entre 9 milliards et 15
milliards de francs CFA18 (15 à 23 millions d'euros) alors que le pays connaît
une crise économique et que la moitié de la population vit sous le seuil de
pauvreté.
L'agglomération
dépasse depuis 2010 les trois millions d'habitants et son engorgement croissant
(pas facilitée par la position géographique de la ville qui lui permet
difficilement de s'étendre) constitue un défi majeur pour les transports, le
développement et l'environnement, à tel point que la fondation d'une nouvelle
capitale administrative est à l'étude depuis cette même année.
Démographie au Sénégal.
Dakar est l'une des plus grandes villes d'Afrique, sa
croissance démographique est importante et son nombre d'habitants s'élève
rapidement. D'une population de 400 000 habitants dans les années 1970, l'exode
rural l'a fait plus que quadrupler en 20 ans.
Lors du recensement de 2002 la population des 19 communes
d'arrondissement s'élevait à environ 955 897 personnes, pour 143 165 ménages et
77 960 concessions.
Au dernier recensement général de la population, de
l'habitat, de l'agriculture et de l'élevage (RGPHAE) publié en septembre 2014,
Dakar comptait 3 139 325 habitants en 2013, soit près du quart de la population
totale du Sénégal (23,2% - 13 508 715 habitants) sur une superficie
représentant seulement 0,3% de la superficie totale du pays. Avec 3 139 325
personnes, la région se classe parmi les 50 premières villes les plus peuplés
d'Afrique.
Le secteur
industriel33, traditionnellement orienté vers les industries alimentaires, chimiques
ou textiles, le secteur du bois et de l’ameublement ainsi que le raffinage,
rencontre aujourd’hui des difficultés. Comme ailleurs, l’industrie textile
souffre des importations chinoises. Les Industries chimiques du Sénégal (ICS)
traversent une grave crise depuis trois ans. L'industrie des matériaux de
construction est présente dans la ville avec l'usine de ciment et de granulats
du groupe français Vicat.
En même temps que
l'urbanisation, le secteur tertiaire s’est développé et c’est dans la capitale,
tout particulièrement à Dakar-Plateau, que se trouvent les sièges sociaux des
grosses sociétés (Air Sénégal International, Grands moulins de Dakar) et des grandes
banques, telles que la Société générale de banques au Sénégal, la Compagnie
bancaire de l'Afrique occidentale, la Banque internationale pour le commerce et
l’industrie du Sénégal ou la Banque de l’habitat du Sénégal. La haute fonction
publique y est également concentrée. Les télécommunications ont le vent en
poupe et la société Orange, qui a repris la Sonatel, est omniprésente dans la
ville.
Le tourisme,
notamment le tourisme d’affaires, prend de l’importance, stimulé par des
événements de portée internationale tels que le Rallye Dakar ou la Biennale
d’Art contemporain. La notoriété de Gorée fait de la capitale un passage
obligé. Présent dans tout le pays, le secteur informel est particulièrement
actif à Dakar, notamment dans le commerce, les transports, la construction et
même l'artisanat (par exemple avec le Soweto Village).
L'économie numérique
n'est pas en reste et commence à trouver son modèle entre secteur formel
(surtout constitué par les opérateurs télécoms et beaucoup de TPE) et informel
(une myriade de prestataires de services et auto-entrepreneurs). En effet,
depuis 2010, la ville monde Dakar voit de nouvelles initiatives innovantes se
lancer comme le premier espace de coworking d'Afrique et action tank, qui
depuis s'étend en France (à Nanterre), au Mali (Bamako), au Burkina Faso
(Ouagadougou)... et relié à plus de 200 espaces dans le monde, créant ainsi une
nouvelle dynamique pour les entrepreneurs de l'économie créative et permettant
aux talents qui s'expriment souvent dans le secteur informel de se mettre en
réseau et s'internationaliser différemment34.
En résumé, Dakar est
une ville qui participe pleinement au concert des nations, pour citer le
président Senghor, notamment économique au regard de son rôle de plateforme
pour les échanges avec la région Afrique de l'Ouest.
Personnalités nées à Dakar…
Politique
Littérature
Musique
Arts plastiques
Cinéma et théâtre
Sportifs
La chronologie de l’histoire de Dakar :
SOURCE: senegal online, wikipedia