Fondation de Dakar

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Ecoles au Sénégal
17 May 2021
Si le nom de Dakar apparaît pour la première fois en 1750 , un grand mystère plane sur son origine. Dakar pourrait venir de - Dakhar (tamarinier en langue wolof) - Deuk raw (refuge en langue wolof) - Ndakarou, dont la forme francisée serait Dakar - Accar ou d’Accard (du nom d’un obscur négociant ou marin français qui aurait donné son patronyme à un camp de la place)


Cependant selon jeune Afrique,  Celle-ci est peuplée depuis le milieu du XVIe siècle par les Lébous, un groupe différent des Wolofs mais qui parle la même langue. Lorsqu’ils arrivèrent dans la région, ils furent impressionnés par la quantité impressionnante de tamariniers qui poussaient sur le site de ce qui deviendra la capitale sénégalaise. Cet arbre se nommant dakhar en wolof, ils auraient décidé de baptiser ainsi le nouveau village.

Si cette explication est plausible, il n’y en a guère de trace écrite, à part une carte exécutée en 1750 par le naturaliste Adamson.

Une autre tradition rapporte que l’installation des Lébous dans le Cap-Vert provoqua un afflux de populations des régions voisines, notamment du Cayor et du Baol. C’est ainsi qu’aurait été forgé le nom de Dekk-Raw, formé des mots wolofs dekk (pays) et raw (s’échapper).

Certains historiens ont donné une tout autre explication étymologique : Dakar viendrait de d’Accard, patronyme d’un marin français qui vivait à la fin du XVIIe siècle et dont il est fait mention sur des cartes de l’époque.

 

 

Le 25 mai 1857, le commandant de la division navale des Côtes occidentales d’Afrique, Léopold Protet, prend possession de Dakar au nom de la France, alors que la colonie du Sénégal est séparée administrativement en deux entités territoriales, Protet ayan t autorité sur Gorée et les établissements français au sud de cette île, et Faidherbe gouvernant un territoire réduit à Saint-Louis et au fleuve.

 

 

Tandis que l’administration de Gorée désire protéger du pillage les navires naufragés dans la baie de Yoff et s’affranchir des droits et coutumes payés aux chefs de la presqu’île pour le ravitaillement en eau, vivres et combustibles, le gouvernement français, soucieux de sécurité militaire, veut défendre Gorée en fortifiant la grande terre. Gorée s’enrichit, sa population s’accroît, son extension au-delà de ses limites (300 sur 900 mètres) devient une nécessité. Des traitants goréens ont rejoint sur la presqu’île les missionnaires établis depuis 1846 et participent au commerce naissant de l’arachide. Le commandant de Gorée a le souci de les protéger. Éliman Diol, le chef de Dakar, sollicite aide et assistance. N’est-ce pas sur l’île que se trouve la seule force capable d’empêcher les interventions du Damel du Cayor contre les Lébous de Dakar ? En 1853, Protet, alors gouverneur du Sénégal, fait lever par son chef du génie, Faidherbe, un plan du village de Dakar. Le 13 janvier 1857, le même Protet, depuis mars 1856 commandant supérieur de Gorée et dépendances, débarque avec quelques troupes à Dakar et la maison du commerçant Jaubert, située à l’actuel emplacement de la place de l’Indépendance, est acquise par le gouvernement et transformée en poste fortifié.

 

 

 

Le 25 mai, Protet arbore sur le poste le pavillon français et demande à « tout le monde de se conduire à Dakar avec la prudence et les égards quemérite une population qui a fêté aujourd’hui notre prise de possession parce qu’elle a cru à la parole que je lui ai donnée et que je tiendrai, de ne porter atteinte à aucun de ses droits et de la traiter en tout et pour tout comme française ». Une ville est ébauchée par les soins de celui qui sera le véritable fondateur de Dakar, le chef du génie de Gorée, Pinet-Laprade, qui deviendra en 1859 commandant supérieur de Gorée et, en 1865, gouverneur du Sénégal avant de mourir du choléra en 1869. Un phare est construit sur la Grande Mamelle et la Compagnie des Messageries impériales s’engage à assurer la ligne du Brésil. Commencé en 1862, le port de Dakar est inauguré en 1866.

 

 

La séparation entre Saint-Louis et Gorée ne donne toutefois pas les résultats attendus. À l’impuissance des autorités goréennes de satisfaire les aspirations de comptoirs dispersés le long des côtes de Guinée, se répercutent les demandes des commerçants de Gorée et dépendances d’un pouvoir fort et protecteur, et le souci de Pinet-Laprade, officier du génie comme Faidherbe (gouverneur du Sénégal de 1854 à 1861 et de 1863 à 1865), d’établir une ligne télégraphique et un chemin de fer entre Gorée et Saint-Louis. Le regroupement des deux colonies permet à Faidherbe d’entreprendre une expédition qui dégage la presqu’île du Cap-Vert. L’administration est transférée en 1875 de Gorée à Dakar, mais il faut attendre la construction du chemin de fer en 1883 pour donner à Dakar toute son importance, consacrée en 1887 par son érection en commune pour ses 8 700 habitants. Elle se sépare ainsi de Gorée qu’elle absorbe en 1929. En 1902, Dakar devient le siège du Gouvernement général de l’Afrique Occidentale Française et prend alors allure de capitale, avec un grand port de guerre et de commerce. La bataille de septembre 1940 et la crise de Suez en 1956 consacrent son importance mondiale. Lors de son centenaire, célébré en grande pompe en 1957, la ville compte 400 000 habitants. L’année suivante la capitale du Sénégal est transférée de Saint-Louis à Dakar.

 

 

 

                Dakar en quelques dates

 


1750 : le naturaliste français Michel Adanson établit le premier croquis du Cap Vert où est mentionné le nom de Dakar

 

25 mai 1857 : date officielle de la fondation de Dakar par Pinet Laprade. Le pavillon français est hissé.

 

6 mai 1859 : escale de Louis Faidherbe, gouverneur du Sénégal, pacificateur de la colonie et réalisateur du chemin de fer Dakar-Saint-Louis

 

Juin 1862 : Pinet Laprade élabore un nouveau plan d’alignement de la ville. Dakar est alors " un véritable labyrinthe de rues et d’impasses, de tours et de détours ".

 

1869 : épidémie de choléra qui décime la population autochtone dakaroise. Un lazaret est ouvert. Pinet Laprade meurt

 

1872 : la commune de Gorée est créée

 

1875 : Dakar devient centre d’arrondissement à la place de Gorée

 

1878 : Dakar compte environ 1600 habitants

 

9 décembre 1887 : Jean Alexandre est le premier maire de Dakar

 

 

Carte du Cap Vert déssinée par Michel Andanson         

 

                1902 : Dakar devient la capitale de l’AOF (Afrique occidentale française)

 

1904 : Dakar compte 18 500 habitants

 

1907 : Edification du palais du gouverneur général de l’AOF, actuellement palais présidentiel

 

Avril 1908 : pose de la première pierre du marché Kermel par le ministre des colonies Millies Lacroix

 

1909 : Dakar compte 25 000 habitants et est déjà le premier port du Sénégal

 

1920 : Blaise Diagne est élu maire de Dakar, il le restera jusqu’en 1934. Un cours secondaire est ouvert qui deviendra le lycée Van Vollenhoven (actuel lycée Lamine Guèye), du nom d’un éphémère gouverneur qui s’oppose au recrutement d’indigènes pour la première guerre mondiale

 

1912 : Construction de la gare ferroviaire

 

1918 : Edification de l’Hôtel de Ville

 

1925 : Première liaison aéropostale Toulouse-Dakar

 

1926 : Dakar compte 33 679 habitants dont 2 939 européens, tandis que Gorée ne compte plus de 700 habitants. Elle est rattachée à Dakar en 1929.

 

1938 : Création à Dakar de l’Institut Français d’Afrique Noire sous la direction de Théodore Monod

 

1947 : Vincent Auriol effectue à Dakar la première visite d’un chef de l’Etat français en Afrique Noire

 

1958 : Dakar devient la capitale du Sénégal à la place de Saint-Louis

 

1964 : Construction de la grande mosquée

 

1996 : La commune de Dakar est découpée en 19 communes d’arrondissement

 

 








 

 

Jacques Charpy

archiviste-paléographe

conservateur général honoraire du patrimoine

directeur honoraire des Archives de l’A.O.F.

 

Source : Recueil des commémorations 2007 ; TV5 monde