Cependant selon jeune Afrique, Celle-ci est peuplée depuis le milieu du XVIe
siècle par les Lébous, un groupe différent des Wolofs mais qui parle la même
langue. Lorsqu’ils arrivèrent dans la région, ils furent impressionnés par la
quantité impressionnante de tamariniers qui poussaient sur le site de ce qui
deviendra la capitale sénégalaise. Cet arbre se nommant dakhar en wolof, ils
auraient décidé de baptiser ainsi le nouveau village.
Si cette explication est plausible, il n’y en a guère de
trace écrite, à part une carte exécutée en 1750 par le naturaliste Adamson.
Une autre tradition rapporte que l’installation des Lébous
dans le Cap-Vert provoqua un afflux de populations des régions voisines,
notamment du Cayor et du Baol. C’est ainsi qu’aurait été forgé le nom de
Dekk-Raw, formé des mots wolofs dekk (pays) et raw (s’échapper).
Certains historiens ont donné une tout autre explication
étymologique : Dakar viendrait de d’Accard, patronyme d’un marin français qui
vivait à la fin du XVIIe siècle et dont il est fait mention sur des cartes de
l’époque.
Le 25 mai 1857, le commandant de la division navale des
Côtes occidentales d’Afrique, Léopold Protet, prend possession de Dakar au nom
de la France, alors que la colonie du Sénégal est séparée administrativement en
deux entités territoriales, Protet ayan t autorité sur Gorée et les
établissements français au sud de cette île, et Faidherbe gouvernant un
territoire réduit à Saint-Louis et au fleuve.
Tandis que l’administration de Gorée désire protéger du
pillage les navires naufragés dans la baie de Yoff et s’affranchir des droits
et coutumes payés aux chefs de la presqu’île pour le ravitaillement en eau,
vivres et combustibles, le gouvernement français, soucieux de sécurité
militaire, veut défendre Gorée en fortifiant la grande terre. Gorée s’enrichit,
sa population s’accroît, son extension au-delà de ses limites (300 sur 900
mètres) devient une nécessité. Des traitants goréens ont rejoint sur la presqu’île
les missionnaires établis depuis 1846 et participent au commerce naissant de
l’arachide. Le commandant de Gorée a le souci de les protéger. Éliman Diol, le
chef de Dakar, sollicite aide et assistance. N’est-ce pas sur l’île que se
trouve la seule force capable d’empêcher les interventions du Damel du Cayor
contre les Lébous de Dakar ? En 1853, Protet, alors gouverneur du Sénégal, fait
lever par son chef du génie, Faidherbe, un plan du village de Dakar. Le 13
janvier 1857, le même Protet, depuis mars 1856 commandant supérieur de Gorée et
dépendances, débarque avec quelques troupes à Dakar et la maison du commerçant
Jaubert, située à l’actuel emplacement de la place de l’Indépendance, est
acquise par le gouvernement et transformée en poste fortifié.
Le 25 mai, Protet arbore sur le poste le pavillon français
et demande à « tout le monde de se conduire à Dakar avec la prudence et les
égards quemérite une population qui a fêté aujourd’hui notre prise de
possession parce qu’elle a cru à la parole que je lui ai donnée et que je
tiendrai, de ne porter atteinte à aucun de ses droits et de la traiter en tout
et pour tout comme française ». Une ville est ébauchée par les soins de celui
qui sera le véritable fondateur de Dakar, le chef du génie de Gorée, Pinet-Laprade,
qui deviendra en 1859 commandant supérieur de Gorée et, en 1865, gouverneur du
Sénégal avant de mourir du choléra en 1869. Un phare est construit sur la
Grande Mamelle et la Compagnie des Messageries impériales s’engage à assurer la
ligne du Brésil. Commencé en 1862, le port de Dakar est inauguré en 1866.
La séparation entre Saint-Louis et Gorée ne donne toutefois
pas les résultats attendus. À l’impuissance des autorités goréennes de
satisfaire les aspirations de comptoirs dispersés le long des côtes de Guinée,
se répercutent les demandes des commerçants de Gorée et dépendances d’un
pouvoir fort et protecteur, et le souci de Pinet-Laprade, officier du génie
comme Faidherbe (gouverneur du Sénégal de 1854 à 1861 et de 1863 à 1865),
d’établir une ligne télégraphique et un chemin de fer entre Gorée et
Saint-Louis. Le regroupement des deux colonies permet à Faidherbe
d’entreprendre une expédition qui dégage la presqu’île du Cap-Vert.
L’administration est transférée en 1875 de Gorée à Dakar, mais il faut attendre
la construction du chemin de fer en 1883 pour donner à Dakar toute son
importance, consacrée en 1887 par son érection en commune pour ses 8 700
habitants. Elle se sépare ainsi de Gorée qu’elle absorbe en 1929. En 1902,
Dakar devient le siège du Gouvernement général de l’Afrique Occidentale
Française et prend alors allure de capitale, avec un grand port de guerre et de
commerce. La bataille de septembre 1940 et la crise de Suez en 1956 consacrent
son importance mondiale. Lors de son centenaire, célébré en grande pompe en
1957, la ville compte 400 000 habitants. L’année suivante la capitale du
Sénégal est transférée de Saint-Louis à Dakar.
Dakar en quelques dates
1750 : le naturaliste français Michel Adanson établit le
premier croquis du Cap Vert où est mentionné le nom de Dakar
25 mai 1857 : date officielle de la fondation de Dakar par
Pinet Laprade. Le pavillon français est hissé.
6 mai 1859 : escale de Louis Faidherbe, gouverneur du
Sénégal, pacificateur de la colonie et réalisateur du chemin de fer
Dakar-Saint-Louis
Juin 1862 : Pinet Laprade élabore un nouveau plan
d’alignement de la ville. Dakar est alors " un véritable labyrinthe de
rues et d’impasses, de tours et de détours ".
1869 : épidémie de choléra qui décime la population
autochtone dakaroise. Un lazaret est ouvert. Pinet Laprade meurt
1872 : la commune de Gorée est créée
1875 : Dakar devient centre d’arrondissement à la place de
Gorée
1878 : Dakar compte environ 1600 habitants
9 décembre 1887 : Jean Alexandre est le premier maire de
Dakar
Carte du Cap Vert déssinée par Michel Andanson
1902 :
Dakar devient la capitale de l’AOF (Afrique occidentale française)
1904 : Dakar compte 18 500 habitants
1907 : Edification du palais du gouverneur général de l’AOF,
actuellement palais présidentiel
Avril 1908 : pose de la première pierre du marché Kermel par
le ministre des colonies Millies Lacroix
1909 : Dakar compte 25 000 habitants et est déjà le premier
port du Sénégal
1920 : Blaise Diagne est élu maire de Dakar, il le restera
jusqu’en 1934. Un cours secondaire est ouvert qui deviendra le lycée Van
Vollenhoven (actuel lycée Lamine Guèye), du nom d’un éphémère gouverneur qui
s’oppose au recrutement d’indigènes pour la première guerre mondiale
1912 : Construction de la gare ferroviaire
1918 : Edification de l’Hôtel de Ville
1925 : Première liaison aéropostale Toulouse-Dakar
1926 : Dakar compte 33 679 habitants dont 2 939 européens,
tandis que Gorée ne compte plus de 700 habitants. Elle est rattachée à Dakar en
1929.
1938 : Création à Dakar de l’Institut Français d’Afrique
Noire sous la direction de Théodore Monod
1947 : Vincent Auriol effectue à Dakar la première visite
d’un chef de l’Etat français en Afrique Noire
1958 : Dakar devient la capitale du Sénégal à la place de
Saint-Louis
1964 : Construction de la grande mosquée
1996 : La commune de Dakar est découpée en 19 communes
d’arrondissement
Jacques Charpy
archiviste-paléographe
conservateur général honoraire du patrimoine
directeur honoraire des Archives de l’A.O.F.
Source : Recueil des commémorations 2007 ; TV5 monde