L’empire du Ghana est un ancien royaume africain qui a
existé du iiie au xiiie siècle de notre ère dont le centre se trouve dans la
zone frontalière actuelle entre le Mali et la Mauritanie. Sa capitale était
Koumbi-Saleh. Il est le premier des trois grands empires marquant la période
impériale ouest-africaine.
Désigné par ses habitants sous le nom d'empire de Ouagadou
(Wagadou), il se fait connaître en Europe et en Arabie comme l'empire du Ghana.
Issu du royaume du Ouagadou, l'empire du Ghana s'est développé au viiie siècle
avec l’exportation d’or et de sel. Il connaît son apogée au xe siècle, époque à
laquelle il s'étend alors sur un territoire à cheval sur la frontière actuelle
entre la Mauritanie et le Mali, comprenant, outre le Ouagadou, les provinces du
Tekrour (Sénégal actuel), du Sosso, du Mandé et de Diarra, les régions
aurifères du Bouré et du Bambouk et Oualata.
L'empire du Ghana décline à partir du xie siècle, passant successivement sous domination almoravide, puis sous la tutelle de Sosso, et enfin sous celle de l'empire du Mali.
Origine du nom
La toute première référence au royaume du Ghana par des
historiens est attribuée à l’astronome arabe Muhammad al-Fazari, au viie
siècle, cité par Al-Mas'ûdî dans son ouvrage Muruj adh-dhahab (Les prairies
d'or). Il y parle du « Ghana, pays de l’or »
Al-Bakri, dans sa Description géographique du monde connu
écrite au xie siècle, précise que « Ghana est le nom que portent les rois de ce
peuple ; le nom de leur pays est Awkar qui vient du Soninké "Ôkara"
signifiant (Chez nous). Cependant, dans le texte, il utilise systématiquement
le terme de Ghana pour évoquer le pays. Les européens et occidentaux ont, de la
même façon, généralisé l'appellation « empire du Ghana » en référence au titre
du roi. Le terme de Ghana, viendrait du sonninké nwana signifiant « héros /
guerrier ». Les habitants du royaume et de l'empire employaient quant à eux,
selon la tradition orale, le terme de « Wagadou » (ou « Ouagadou »). Le terme
Wagadou signifie « ville des troupeaux » ou selon une autre hypothèse « Terre
des Wagué ». Le suffixe « dou » est un terme des langues du Mandé (dont le
soninké fait partie) qui signifie « ville » / « territoire » et que l'on
retrouve dans nombre de lieux d'Afrique de l'Ouest (telle la capitale du
Burkina Faso, Ouagadougou). Le mot waga peut signifier « troupeau » ou faire
référence au clan des Wagué (familles régnantes).
Les origines du royaume
Deux thèses existent sur les origines du Royaume du
Ouagadou, qui deviendra plus tard un empire.
Selon la tradition orale ouest-africaine, le « Wagadou »,
noyau de l'empire, aurait été fondé vers le iiie siècle av. J.-C. et une
population armée venue de l’Est et conduite par un dénommé Dinga Cissé.
Selon les sources médiévales rédigées par des chroniqueurs
arabophones, le royaume aurait été fondé par les Soninkés, peuple animiste
vivant à la limite sud du Sahara. Le royaume du Ghana s’agrandit par la suite
pour devenir un empire en dominant les dirigeants des chefferies situées aux
alentours.
D’après le Tarikh es-Soudan, « histoire du Soudan » en
français, le Ghana aurait été fondé au iiie siècle par le peuple noir de
cultivateurs, les Soninkés.
En 734, les premiers arabo-berbères pénètrent au Ghana, où
les souverains soninkés sont au pouvoir. L’occupation du Maghreb par les Arabes
favorise le trafic de l’or et des esclaves entre le Ghana et le Sijilmassa, et
du même coup, son expansion et sa richesse.
Vers l'apogée, sous la dynastie des Cissé Tounkara
Mais à la fin du viiie siècle, le roi du Wagadou, Kaya Magan
Cissé4 refoule les étrangers berbères. Au début du règne du premier souverain
des Cissé Tounkara, son royaume ne s’étend que sur le Wagadou et sur l’Awkar
(ou Aoukar), mais quelques années plus tard, il réalise l’unité de tous les
Soninkés.
Le « Ghâna » des chroniqueurs arabophones est le nom que
porte le souverain. Ce terme vient du soninké nwana (qui se lit ηana ou ghana
pour un locuteur non soninké-phone). Il signifie héros / grand guerrier. Parmi
les autres titres du roi, figure « Kaya-Maga » (plus précisément « Kanηe Mahan
» en soninké c'est-à-dire le « maître de l’or » ). Mahmud Kati dans son Tarikh
el-fettach parle de cette origine étymologique 5. En effet, dans cette région,
les pépites sont considérées comme maléfiques et seul le roi a le pouvoir d’en
conjurer le sort.[réf. nécessaire] Pour Charles Monteil, il s'agit d'une
interprétation erronée. Pour lui le terme de "Kaya Magan" (Xañe Maha
» ) qui signifierait "grand chasseur" ».
L’or est étroitement lié à la naissance et à l’importance du
Ghana. La généralisation de l’utilisation du dromadaire à partir de la fin du
iie siècle facilite les liaisons avec l’Afrique du Nord. Le « pays de l’or »
correspond aux régions aurifères du Bambouk et du Bouré, sur laquelle s’étend
l’autorité des souverains du Ghana, dont la capitale a été localisée à Koumbi
Saleh, au sud de l’actuelle Mauritanie.
À la fin du ixe siècle, les souverains de Ghana étendent
leur autorité à l’ouest sur la région aurifère du Galam et sur le Tekrour, à
proximité de Djenné et de Tombouctou, et au nord sur certaines tribus berbères
du Sahara.
Au xe siècle, les Berbères d’Aoudaghost se révoltent contre
l’autorité du tounka (roi) de Ghana, qui est mis à mort par le chef des
insurgés. Vers 990, un successeur du roi de Ghana assassiné s’empare du royaume
d’Aoudaghost, qui est placé sous l’autorité d’un fonctionnaire.
L’apogée du Ghana se situe au xie siècle. Le pays est
richissime. La fédération de royaumes s’est peu à peu centralisée autour du
roi, détenteur de tous les pouvoirs religieux, militaires et judiciaires. La
capitale du royaume, Koumbi Saleh, peuplée de 20 000 habitants, est partagée
entre les musulmans et les Soninkés, animistes.
Le déclin
Le Royaume du Ghana se trouve affaibli par la poussée des
musulmans Sahariens Almoravides (xie siècle) et la destruction partielle de
Koumbi Saleh (1076) mais c'est surtout la sécheresse liée à une exploitation
intensive des ressources forestières qui conduit à la dispersion des Soninkés
(selon la légende, cette sécheresse est liée à la mort du serpent Bida).
Le royaume du Ghana décline alors progressivement : les
royaumes de Diarra, de Sosso, du Mali acquièrent leur indépendance et le vaste
empire du Ghana ne se limite bientôt plus qu'à son noyau originel, le petit
royaume du Ouagadou1.
Soumaoro Kanté, à la tête du royaume de Sosso, s'empare du
Ghana en 1203. Il perd définitivement son indépendance après son intégration
dans l’empire du Mali de Sundjata Keïta après 1240.
Organisation de l'empire à son apogée
Succession et funérailles du roi
La succession du Ghana se faisait de manière matrilinéaire :
le successeur du roi était ainsi le premier fils de sa sœur7 préservant ainsi
avec certitude la lignée familiale. Car, comme l'écrit Al-Bakri, les habitants
du Ghana pensent que "le souverain a la certitude que son neveu est bien
le fils de sa sœur ; mais il ne peut pas être assuré que celui qu'il regarde
comme son propre fils le soit en réalité". Dans la langue wolof cette sœur
est appelée Linguère. Sa première fille devient Linguère impériale à son tour.
Al-Bakri écrit que lorsque le roi décédait, un grand dôme
était construit en bois, à l'endroit qui allait servir de tombeau, au sein
duquel le cadavre était placé sur un grand canapé garni de coussins et tapis.
Les parures, les armes, les plats et les tasses qu'il avait utilisés étaient
placés à côté du corps, ainsi que des mets et des boissons. Plusieurs des
cuisiniers et fabricants de boissons étaient également enfermés au sein du
dôme. L'édifice était alors recouvert de nattes, de toiles, et enfin de terre
jusqu'à faire du dôme une colline. Un fossé était creusé tout autour du cette
colline, ne laissant qu'un passage d'accès unique.
Organisation religieuse
L'animisme était la religion officielle. Les habitants de
l'empire du Ghana avaient pour adoration le serpent Bida.
L'islam était également toléré et pratiqué par de nombreux
étrangers du Maghreb et par quelques autochtones. Kan Mer, fils de l'empereur
Bessi, se convertit à l'islam1. Al-Bakri précise d'ailleurs que l'intendant du
trésor était systématiquement choisi parmi les musulmans, tout comme l'étaient
la plupart des ministres. Selon ces écrits (mais également ceux, plus tardifs,
d'Ibn Battûta et d'Ibn Khaldoun) les animistes devaient se mettre à genoux et
s'asperger la tête de poussière. En revanche, les musulmans saluaient quant à
eux le roi en battant des mains.
La capitale Koumbi Saleh était constituée de deux quartiers
: l'un animiste, l'autre musulman possédant 12 mosquées.
La capitale Koumbi Saleh
L'organisation de la capitale a été décrite par Al-Bakri à
partir de récits qu'il aurait collecté auprès de voyageurs et de marchands. Il
écrit ainsi que " Ghâna se compose de deux villes situées dans une plaine.
Celle habitée par les musulmans est très grande et renferme douze mosquées,
dans une desquelles on célèbre la prière du vendredi. (...) Dans les environs
se trouvent plusieurs puits d’eau douce, qui fournissent la boisson des
habitants et auprès desquels on cultive des légumes."
« La ville habitée par le roi est à six milles de celle-ci
et porte le nom d'El Ghaba "la forêt, le bocage". Le territoire qui
les sépare est couvert d’habitations. Les édifices sont construits avec des
pierres et du bois d’acacia. La demeure du roi se compose d’un château et de
plusieurs huttes aux toits arrondis et le tout est entouré d'une clôture
semblable à un mur."
« La ville du roi est entourée de huttes, de massifs
d’arbres et de bocage, qui servent de demeures aux magiciens de la nation,
chargés du culte religieux ; c’est là qu’ils ont placé leurs idoles et les
tombeaux de leurs souverains. Des hommes préposés à la garde de ces bois
empêchent qui que ce soit d’y entrer ou de prendre connaissance de ce qui s’y
passe. C’est là aussi que se trouvent les prisons du roi»
Le site archéologique de Koumbi Saleh a été découvert en
1914 par Bonnel de Mezières. Il a fait l'objet de fouilles en 1939, par
Thomassey, Mauny et Lazartigues, puis de nouveau en 1960 par Serge Robert et
Sophie berthier.
Armée
Selon Al-Bakri, l'armée du Ghana était composée de 200 000
guerriers, dont plus de 40 000 archers16. Elle était composée de la garde
impériale, mais également de nombreux hommes issus des territoires vassaux. Il
y avait des cavaliers (les chevaux y étaient "d'une très petite taille")
ainsi que des chameliers berbères.
Justice
Selon Al-Boukri, le tribunal royal était situé dans le
quartier animiste de Koumbi Saleh où résidait le roi. Les prisons du roi
étaient situées dans les bois de ce même quartier. Il y précise que "dès
qu'un homme y est enfermé, on n'entend plus parler de lui".
Toujours selon Al-Boukri, le roi donnait régulièrement des
audiences au peuple afin d'en écouter les griefs et d'y remédier. Pour cela,
dit Al-Boukri, "il s'assied dans un pavillon autour duquel sont rangés 10
chevaux couverts de caparaçons d'or; derrière lui se tiennent 10 pages portant
des boucliers et des épées montées en or; à sa droite sont les fils des princes
de son empire, vêtus d'habits magnifiques et ayant les cheveux tressés et
entremêlés avec de l'or. Le gouverneur de la ville est assis par terre devant
le roi, et tout autour se tiennent les vizirs dans la même position. La porte
du pavillon est gardée par des chiens d'une race excellente, qui ne quittent
presque jamais le lieu où se trouve le roi; ils portent des colliers d'or et
d'argent, garnis de grelots des mêmes métaux. L'ouverture de la séance royale
est annoncée par le bruit d'une espèce de tambour, qu'ils nomment deba, et qui
est formé d'un long morceau de bois creusé. Au son de cet instrument le peuple
s'assemble".
La justice était régulièrement rendue avec l'épreuve de
l'eau. Al-Boukri écrit ainsi que "l'homme qui nie une dette, qui est
accusé de meurtre ou de tout autre crime, est amené devant le prévôt, qui prend
un morceau très mince d'une espèce de bois, dont le goût est âcre et amer; il
le fait infuser dans autant d'eau que cela lui plaît, et il oblige l'accusé
d'en boire. Si l'estomac de cet homme rejette le breuvage, on reconnait que
l'accusation est mal fondée; si au contraire la liqueur y reste, on regarde le
prisonnier comme coupable".
Les différents souverains au cours du temps Rois de Awkar
• Kaya
Magan Cissé: -350
• wakane
sacko ,boubou sacko lewourou sacko , djadje sacko, Toumani sacko : 350-750
"Ghanas" du Wagadou
• Majan Dyabe
Cisse ou Dinga Cisse : 750 approx
• Rois
Wague aux noms inconnu : aprox. 800-1040
• Riyo :
1040
• Bassi :
1040-1062
• Menin :
1062-1076
Occupation Almoravide
• Abu Bakr
Ibn Omar : 1076-1087
"Ghanas" du Wagadou
Dynastie des Diarisso :
• Kambine
Diaresso : 1087-1090
• Suleiman
: 1090-1100
• Bannu
Bubu : 1100-1120
• Majan
Wagadou : 1120-1130
• Gane :
1130-1140
• Musa :
1140-1160
• Birama
Sacko: 1160-1180
Occupation Kaniaga
• Diara
Kante : 1180-1202
• Soumaba
Cisse, vasal de Soumaoro Kante : 1203-1235
Alliance avec l'empire du MALI
• Soumaba Cisse allié à Sundjata Keita : 1235-1240
SOURCE: empire du GHANA wikipedia