Le mouridisme ou Mouridiyya (ou enc ore de façon complète est une confrérie soufie, la deuxième à pénétrer
au Sénégal après la Tijaniyya où, avec la Gambie, elle est presque
exclusivement implantée. Cette confrérie est fondée à la fin du xixe siècle par
Ahmadou Bamba et joue un rôle religieux, économique et politique de premier
plan au Sénégal.
La tradition mouride est fortement marquée par la culture islamique. Les fidèles effectuent un pèlerinage annuel dans la ville sainte de Touba, au centre du Sénégal, le Magal, qui commémore le départ en exil, en 1895, d'Ahmadou Bamba sous la pression de l'autorité coloniale française.
Le terme « mouride » dériverait du verbe irâda يريد », vouloir), qui donne murīd (« مُريدْ
»), « celui qui veut », « celui qui aspire »
Théologie et
organisation interne
Le mouridisme a été fondé par Ahmadou Bamba (1853-1927), un
réformateur musulman sunnite établi au Sénégal. Il est un théologien asharite,
un faqîh maléquite, fondateur de sa propre voie soufi.
Ahmadou Bamba, dans un contexte où la colonisation avait
provoqué un choc social et culturel important, va peu à peu être reconnu par
ses pairs comme l'héritier spirituel du prophète (qotb ou « pôle de sainteté »)
"envoyé" par Dieu tous les cents ans et chargé de revivifier
l'islam[réf. nécessaire].
Pour mener cette mission à bien, Ahmadou Bamba prôna une
théologie influencée par la secte Qadiriyya, à laquelle appartenait le maître
de son père, Sidiyya2. Le mouridisme est ainsi considéré comme une branche de
la Qadiriyya, même s'il a aussi été influencé par la Tijaniyya et l'œuvre de
Al-Ghazali. Cette réforme, avant tout pédagogique et spirituelle, entraina une
réforme profonde la société sénégalaise.
Sa doctrine repose sur quatre principes fondamentaux : la
foi en Dieu, l’imitation du Prophète Mohammed, l’apprentissage du Coran et
l’amour du travail. Les Mourides assimilent à l'islam des traditions propres
au peuple wolof, ce qui est le cas de la sanctification du travail, ou encore
leur attachement très fort aux notions d'entraide et de solidarité.
Chaque année, de nombreux mourides se rendent en visite
pieuse (ziarra) dans leur ville sainte de Touba, au centre du Sénégal. Environ
un million d'entre eux ont effectué le "pèlerinage" annuel, le Magal,
en février 20084,5. Les plus orthodoxes des musulmans considèrent la dévotion
extrême à Ahmadou Bamba et à sa lignée de successeurs comme de l'idolâtrie1, là
ou les disciples n'y voient que la demande d'intercession "Tawassoul"
et la recherche de bénédiction tabâruk
La confrérie est « organisée selon une structure décrite par
certains comme féodale, elle est fondée sur l’obéissance totale à une autorité
spirituelle, le khalife général, descendant en ligne directe du fondateur »6.
Histoire du mouvement
Pendant le mois de Ramadan en 1883, Ahmadou Bamba réunit les
enseignants et les élèves de l'école de Patar et leur dit : Le prophète m'est
apparu pour me signifier que dorénavant, je devais éduquer les âmes par la
volonté spirituelle et non point me limiter à l'enseignement pédagogique.
Beaucoup parmi les disciples décident de partir alors qu'une
quarantaine d'entre eux choisissent de rester. Le but des disciples qui
voulaient se rattacher à Ahmadou Bamba devait être la communion avec Dieu. Ils
seront les Mourid Allah (Ceux qui aspirent à Allah).
Khalifes
Après la disparition d'Ahmadou Bamba en 1927, cinq de ses
fils lui succèdent comme « khalifes » par ordre d'âge. Après le décès du
dernier de ses fils en 2007, les petits-fils du fondateur accèdent au califat.
Khalife période
Cheikh
Mouhamadou Moustapha Mbacké 1927 -
1945 1888 13 juillet 1945
Cheikh Mouhammadou Fadl Mbacké 1945 - 1968 27 juin 1888 6 août 1968
Cheikh Abdoul Ahad Mbacké 1968 - 1989 1914 1989
Cheikh
Abdou Khadre Mbacké 1989 - 1990 1914 1990
Cheikh
Saliou Mbacké 1990 - 2007 22 septembre 1915 28 décembre 2007
Cheikh
Mouhammadoul Amin Bara Falilou Mbacké 2007
- 2010 1925 30 juin 2010
Cheikh
Sidy Mokhtar Mbacké 2010 - 2018 11 juillet 1924 9 janvier 2018
Serigne Mountakha Mbacké Depuis 2018 1930
Pendant l'époque d'Amadou Bamba, certains disciples réalisés ont eu à être nommés cheikh. Ce fut le cas par exemple de Mame Cheikh et Mame Thierno quand celui-ci fut exilé par les colons français, mais ce processus de délégation s'estompa en 1912, année où fut consacré le dernier cheikh, Madiba Sylla à Diourbel. Une exception a lieu en 1987 quand Béthio Thioune est nommé par Cheikh Saliou.
Influence politique et économique
La confrérie des mourides est en expansion et possède une
influence forte sur la vie politique du Sénégal6. Son chef spirituel est
consulté par les politiciens de tous bords6.
Elhadji Falilou Mbacké, le deuxième calife, a ouvertement
soutenu Léopold Sédar Senghor, de confession chrétienne, premier président du
Sénégal indépendant3. Serigne Abdoul Ahad Mbacké, troisième calife, a
vigoureusement soutenu Abdou Diouf à la présidentielle de février 19883.
Aux plans économique et social, ils assurent logement,
nourriture et apprentissage intellectuel — par l’enseignement coranique — à des
enfants. Ils ont aussi des détracteurs, qui leur reprochent leurs irrigations,
leurs cultures intensives, et leurs aides sociales.[pas clair]
Les califes mourides sont en général très influents non
seulement parce qu'ils sont les guides spirituels d'environ 2 à 3 millions
d'adeptes, mais aussi parce qu'ils sont de facto les chefs temporels de la ville
de Touba, la capitale spirituelle des mourides, devenue peu à peu la deuxième
ville du Sénégal du fait de son poids démographique et économique.
D'autres fils ou petit-fils d'Ahmadou Bamba ont été aussi
influents que les califes, bien qu'ils n'aient pas accédé au califat, comme :
Ahmadou Mbacké Gaïndé Fatma, connu pour son engagement pour
l'éducation et le développement socio-économique des masses, ainsi que par son
influence auprès de dirigeants politiques africains engagés, il est décédé en
1978 ;
Mouhamadou Mourtada Mbacké, le « marabout de la diaspora »,
connu aussi pour avoir initié bénévolement de nombreuses structures scolaires à
travers le Sénégal, il est décédé en 2004. Actuellement, son fils et successeur
Serigne Mame Mor Mbacké est en train de perpétuer son œuvre en y ajoutant
d’autres structures nouvelles mais conformes à sa vision progressiste de la
modernité. Avec lui le mouridisme traverse une phase importante au sein de la
diaspora.
Serigne Saliou Mbacké était le plus grand producteur agricole du Sénégal. Il exploitait un domaine de 45 000 hectares, à Khelcom, un village de l’intérieur du pays.
Baye Fall
Un des plus célèbres disciples d'Ahmadou Bamba fut Ibrahima
Fall. Il fonda une communauté de vie appelée les Baye Fall qui substitue le travail
manuel, la mendicité et le dévouement à une piété usuelle comme la pratique des
prières et le jeûne, ce qui leur vaut de nombreuses critiques de la part
d'autres musulmans. Du fait de leurs dreadlocks, les Baye Fall sont souvent
confondus par les étrangers avec les rastas1.
Lieux de cultes
Les deux principaux lieux de culte du mouridisme sont la
Grande mosquée de Touba, construite en 1932, et la mosquée Massalikul Jinaan,
construite en 2019.
Personnalités liées à la confrérie mouride
Serigne Sam Mbaye, islamologue
Mouhameth Galaye Ndiaye, islamologue
Abdoulaye Wade, président de la république du Sénégal de
2000 à 2012
Cheikh Anta Diop, historien, anthropologue, égyptologue et
homme politique sénégalais
El Hadji Ndiouga Kébé, homme d'affaires
Madické Niang, avocat, homme politique
Youssou Ndour, auteur-compositeur-interprète, musicien et
homme politique
Cheikh Lo, chanteur et musicien
Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, le fondateur
Né à Mbacké-Baol, ville fondée par son arrière-grand-père
Maharame Mbacké dans le royaume de Baol, fils du marabout de la confrérie de
Xaadir – la plus ancienne du Sénégal – Mame Momar Anta Sali Mbacké, et de Mame
Diarra Bousso, Ahmadou Bamba est un musulman soufi ascétique et mystique qui
écrivait sur le tawhid, le fiqh et le tassawouf ainsi que la grammaire. Il est
également l`auteur de nombreuses fatwas au Sénégal et en Mauritanie (notamment
sur la théologique islamique et la récitation du coran). La plus grande partie
de son œuvre écrite est mystique et consacrée principalement à la glorification
de Dieu, des prières et éloges sur le prophète Mahomet.
Il prêche avec succès la paix et promet le salut à ses
disciples qui se seraient conformés à ses recommandations qui sont celles de
Dieu et de son prophète dans l`islam. Il fonde la ville de Touba (Sénégal) en
1887. Il est arrêté par les autorités coloniales, qui l`enferment dans la
prison de Saint-Louis, siège du gouverneur de l`Afrique-Occidentale française
(AOF), avant de l`envoyer en exil, en 1895, au Gabon. Son frère Mame Thierno
Birahim Mbacké supplée à son absence auprès de sa famille et de la communauté
mouride. L`administration coloniale justifie alors sa décision en affirmant :
« Il ressort clairement du rapport que l`on a pu relever
contre Ahmadou Bamba aucun fait de prédication de guerre sainte, mais son
attitude, ses agissements, et surtout ceux de ses principaux élèves sont en
tous points suspects. »
Il retourne à Dakar en 1902, après 7 ans et 9 mois d’exil au
Gabon dans la forêt équatoriale, et est acclamé par la foule alors que beaucoup
pensaient qu`il y était mort. L`administration coloniale tente à nouveau de
l`arrêter, en envoyant des tirailleurs et des spahis, mais ses disciples
(talibé) le protègent. Il est finalement arrêté l`année suivante (1903) et
amené pendant quatre ans en Mauritanie.
Après 1910, les autorités françaises réalisent que cheikh
Ahmadou Bamba ne désire pas la guerre. Dès lors, puisque la doctrine de Cheikh
Ahmadou Bamba les sert, elles décident de collaborer avec lui. Serigne Touba
refusa la Légion d`honneur. Son mouvement prit de l`ampleur en 1926 quand la
construction de la Grande Mosquée de Touba, où il est inhumé, commença. Son
tombeau est un lieu de pèlerinage. Après sa mort la confrérie des Mourides fut
dirigée, avec une absolue autorité sur ses disciples, par ses héritiers.
Aujourd’hui, Touba est devenue un centre urbain dont l’extension est à la hauteur de sa croissance démographique. S’appuyant sur des statistiques, Hizbut tarkqiyyah soutient que le taux de croissance de la population est de 15%. Par conséquent, la ville, qui est présentement la deuxième du Sénégal, concentre plus d’un million d’habitants. Cependant, l’affluence que connaît la cité du mouridisme n’est guère fortuite. Loin de là. Serigne Bamba l’avait sollicitée auprès de son Créateur. «Fais de ma demeure la cité bénite de Touba, un sanctuaire, une cité de droiture, une source de connaissance et un pôle de l’agrément de Dieu», prêchait Khadim Rassoul dans Matlaboul Fawzeyni. Et son vœu a été exaucé…
source wikipédia; seneweb; web...